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Ce texte de Bence Fritzsche décrit bien les conditions dans lesquelles s'est déroulée la préparation de l'exposition A-VA-LA. Il évoque également le processus de travail que j'employais alors.
Le texte original, rédigé en allemand, figure après la traduction en français.

"Entre Paris et Cologne", tel est le sous-titre du symposium franco-allemand A-VA-LA qui se déroula dans la petite ville Monthermé, (Ardennes françaises), sur la ligne géographique qui relie les deux capitales culturelles. Le titre de l'exposition est à lui seul un défi, mais aussi un programme. Tenter de se situer hors de métropoles, hors de l'arrogance - ne serait-ce qu'à titre d'expérience - et voir si la création artistique, ainsi expatriée, n'est pas à même de se trouver d'autres voies, de s'ouvrir sur d'autres horizons.

Les neuf artistes, cinq allemands et quatre français, invités par la revue "atelier" de Cologne et les éditions MEM / Arte Facts, se donnèrent dix jours pour explorer le dépaysement que constitue pour la plupart un lieu provincial, et tenter une investigation de ses traditions culturelles. La ville de Monthermé, située dans la vallée de la Meuse et entourée par des forêts, se révéla être le terrain idéal pour le traitement in situ de toutes sortes de matériaux d'origine.

Le premier jour est consacré à la recherche des lieux de travail. L'eau de la Meuse, la carrière d'ardoise désaffectée, les vieilles aciéries, la somptuosité toute abyssale des forêts, sont autant de points de repères... Sans oublier la situation économique d'une ville repliée sur elle-même, en proie au chômage ; ainsi que l'influence qu'un terroir exerce, par sa structuration géologique, sur la mentalité et les mœurs des habitants.

Les artistes ont décidé de travailler soit en atelier soit à ciel ouvert. Dans chaque cas ils tenteront d'établir un lien avec l'environnement, à partir du matériau que le lieu même leur fournit, ou encore de la configuration de traces et de sentes relevées dans la nature.

Nous nous rendons en voiture avec Marc Gerenton au lieu dit du "Roc la Tour". Chemin faisant nous tombons sur un étroit sentier de forêt qui débouche sur une carrière. Elle s'est structurée en plusieurs strates. Nous restons médusés face à ces couches de pierre qui s'élèvent à la verticale et sur lesquelles le soleil imprime tout un déploiement de couleurs. Marc Gerenton s'apprête aussitôt à tailler dans la pierre pour en extraire des formes, mais elle s'avère être trop dure. Aussi se résoud-t-il à quitter l'endroit, pour se rendre au lieu initialement prévu du "Roc la Tour". Ce plateau rocheux avec ses tours dressées à ciel ouvert, est déjà en soi une œuvre d'art façonnée par la nature. Le site est devenu aujourd'hui un lieu d'excursion touristique fort prisé. Il n'y a rien à y tenter. La légende dit qu'il y a cinq cent ans, des "sorcières" défièrent en ce lieu l'arrogance des seigneurs. Elles y célébrèrent un culte au serpent - qui ne fait don de son venin qu'aux sages - et dérobèrent le feu au ciel pour le lui renvoyer. Marc Gerenton, par respect du lieu s'en retournera à la carrière. Il ne taillera pas la pierre ; il la peindra.

À l'autre bout de Monthermé, sur un terrain en pente, Hannes Forster travaille parmi des éboulis de pierre. Il n'a aucune difficulté pour bloquer leur chute. II édifie par couches successives une barrière qui semble inexpugnable. À première vue l'on y discerne déjà la paroi quadrangulaire d'une tour comblée de morceaux de roche. Elle s'élève à un mètre de haut. À la fin elle devra atteindre deux mètres, et deux autres tours en amont du terrain incliné seront alignées sur la même horizontale. Au versant est fixée une barrière qui tranquillise, alors que le rocher, lui impressionne.

Martin Assig et Catherine Loth ont installé leur atelier dans ce qui fut anciennement l'établissement des "Bains-Douches". Les morceaux de papier feutré que Catherine Loth enduit de colle forte, sèchent et se découpent en silhouettes humaines sous le soleil automnal. Je songe au bleu feutré de la Riviera et la mer me monte à la tête. Le papier encore malléable, sera d'ici dix jours aussi rêche qu'une planche de contreplaqué. Quant à l'allure guerrière des silhouettes, elle suscite plus que de l'inquiétude.

Martin Assig vit dans sa chapelle la lutte contre le désordre. Il tient à déployer son espace sous le toit des "Bains-Douches". II y aménage des voies à même le mur et sur le sol - en utilisant du bois et de l'ardoise - et tente ainsi, non sans hésitation, de se frayer un passage entre les débris et les ordures qui jonchent l'endroit.

Dans la Salle des Fêtes, on construit. Des ouvriers apportent avec Jackie Kayser des gros morceaux d'ardoise. Sur la piste de danse, en face de la scène, il édifie un mur de hauteur moyenne. Le problème est de savoir comment il va pouvoir intégrer de petites ampoules électriques dans son mur posé à même le parquet ciré où elles devront se refléter. Hubert Fabian a besoin de fer et d'acier, de préférence rouillés. Deux matériaux qui assurèrent fut un temps, la vie du lieu et son essor économique. Hubert Fabian tient ainsi à rendre hommage à ses habitants. II est très sûr de lui et pourtant l'électricité lui fait défaut. Cette carence en courant électrique - due à la vétusté des installations aux abords même de la centrale nucléaire de Chooz, pose un grave problème.

Georg Dietzler est allé à la recherche de feuilles en pleine forêt. Mais la forêt est si vaste qu'il n'y voit goutte. On lui a dit que des vipères y rodent et qu'en cas de morsure l'on ne doit surtout pas perdre son sang-froid. Mais Georg Dietzler est convaincu qu'il y a aussi d'autres animaux pris de panique avant d'attaquer. Et il continue à se mettre en quête de ses feuilles.

Ulla Lückerath suit les traces du souvenir. II existe trois points de repère qui, à ce jour, restent encore informulés. Si ces trois points nous échappent, c'est de ne pas pouvoir les lier et les faire fonctionner entre eux. Tentative en laquelle la nature reprend ses droits sur la civilisation. Ulla Lückerath est la seule qui ici connaisse chaque lieu, et sache pourquoi l'on y trouve ces signes et ce qu'il faut en attendre. Tout fonctionne par trois.

Les deux premiers jours ont été ainsi consacrés à la recherche des lieux de travail et des matériaux que les artistes souhaitaient utiliser. Au soir du troisième on se réunit comme à l'accoutumée autour du dîner. On parle des conditions de travail que le Symposium d'A-VA-LA offre en comparaison d'autres où l'atmosphère était plus détendue et où l'on travaillait selon un plan précis et déterminé à l'avance. Certains vont jusqu'à faire part de leur appréhension quant au temps alloué à leur travail, qui paraît trop court. Puis l'on entame un tour d'horizon touchant le thème du symposium, la situation des capitales culturelles, ainsi que le concept d'installation "in situ".

Le lendemain je me rends avec Patrick Beurard à la carrière où travaille Marc Gerenton. Nous y croisons une escouade de randonneurs au-dessus de la carrière où Marc Gerenton est en train de travailler. Nous redoutions que son travail déjà amorcé hier, n'ait été anéanti par la pluie nocturne et ne soit à jamais perdu. Mais il est reste intact, malgré la délébilité des couleurs. Les randonneurs jettent des cailloux contre les couches de pierre où ils croient discerner par endroits des symboles sexuels. Puis ils s'en vont. Marc Gerenton a peint dans la vallée des ondulations, des plumes éparpillées et des ombres nuageuses. II travaille sur le flux du temps et son expansion.

Gérard Pascual est arrivé en cours de symposium. Son travail qu'il me montrera plus amplement le lendemain, semble s'inspirer d'une certaine nostalgie des origines. Il utilise des formes géométriques, ainsi que des citations. Son œuvre est empreinte d'un certain humour et accorde un soin tout particulier aux détails. Nous nous rendons tous deux à une usine désaffectée. Il est émerveillé par l'atmosphère de ruines et les multiples éclairages qu'offre le lieu. Tout en songeant au film que l'on pourrait y tourner, il souhaite vivement l'élire comme lieu de travail. Mais le temps manque et il devra se résoudre à travailler dans l'espace de la cave des "Bains-Douches".

Georg Dietzler hésite sur le choix de son lieu de travail. II s'est installé dans une des pièces de la cave où deux petites ouvertures dispensent des rayons de lumière sur ses feuilles. Bien que la pièce voisine présente une voûte plus ronde et un éclairage plus vif, il reste dans la première et réfléchit aux possibilités d'aménager d'autres sources de lumière.

Chez Catherine Loth le sèche-cheveux est en marche. Elle tente de sécher les silhouettes en papier. Dans les découpes anguleuses se profilent déjà des figures féminines qui gisent à même le sol. Avec leur posture rampante, elle les accrochera par rapport à une ligne d'horizon. Plus tard elles devront être repeintes. La belle tache d'humidité qu'une des figures laisse sur le sol, après avoir été déplacée, va bientôt sécher et se résorber.

Martin Assig se démène de plus en plus avec l'espace qu'il investit de son travail. Il tombe sur des objets et des matériaux qu'il combine les uns aux autres. II confectionne ainsi des frasques et des masques à l'allure quelque peu moyen-âgeuses. II n'a encore jamais travaillé in situ dans un espace aussi vaste, et semble découvrir des possibilités qui lui étaient restées insoupçonnées jusque là. Sur le chemin du retour je repasse devant la cave de Georg Dietzler. Je crois qu'il est parvenu à se satisfaire du lieu, à la vue des brassées de feuilles qu'il a pu y déverser.

Dans l'après-midi du cinquième jour, nous faisons avec Monsieur Gatier, le maire, et ses adjoints une visite sur les lieux de travail. D'abord vers Marc Gerenton. Il parle fort peu de sa fresque murale qu'il vient de terminer. Ensuite nous nous rendons vers Hannes Forster. Que ses tours soient visibles de la mairie est une chose que Monsieur Gatier apprécie particulièrement. Selon lui, l'endroit donna lieu à une avalanche de pierres, il y a quinze ans de cela, à cinq heures de l'après-midi. Si des blocs de pierre allèrent jusqu'à plonger dans la Meuse, il n'y eut heureusement pas de blessé. Dans la Salle des Fêtes, fort inspiré par le mur de Jackie Kayser, Monsieur le Maire 'conseille' à ses concitoyens d'édifier dorénavant leur maison avec les pierres mêmes dont s'était servi l'artiste. Lors de la visite des caveaux aménagés de Dietzler et de Pascual, les élus de la ville ont l'occasion de redécouvrir les caves, déblayées, avec leurs voûtes, sous un autre éclairage. Après ce premier tour de ronde, qui inclua aussi les lieux de travail de Catherine Loth et de Martin Assig, on ne sait plus au juste où aller. Le convoi de voitures prend la direction de la Rue du Port ; et c'est sur le perron de la maison où nous nous retrouvons habituellement en commun, que les salutations officielles avec Monsieur le Maire ont lieu. Ulla Lückerath vient encore lui présenter son jeu de "Patience". Puis nous l'invitons avec ses adjoints à aller boire un verre.

Le tour de visite fût pour moi fort impressionnant. À ainsi voir les travaux les uns à la suite des autres, on saisit plus aisément ce qui les réunit dans leur diversité. Chaque artiste s'est laissé inspirer par le lieu, ainsi que par les matériaux et les données qu'il a pu lui fournir. Chacun a pu s'investir au fort d'une confrontation entre modernité et tradition.
En ce même jour on a pu lire dans les journaux français que Mario Merz avait choisi cette même région pour mener à bien son travail sur le philosophe Gaston Bachelard. Il analysera l'élément du feu, là où selon la légende, les sorcières tournoyant autour d'un brasier enflammé prenaient la voie des airs.

Bence Fritzsche
Traduction : Siegfried Plumper-Huttenbrink

 

Zwischen Paris und Köln, wie der Untertitel des Symposions A-VA-LA signalisiert, ist der kleine Ort Monthermé in den französischen Ardennen auf der geographischen Linie zu finden, die beide (Kunst-)Metropolen verbindet. So ist dieser Titel gleichermaßen Herausforderung und Programm. Nicht losgelöst von der Kunst in den Metropolen, sondern sich der Auseinandersetzung mit ihnen stellend, erscheint es notwendig zu überprüfen, ob Kreativität, von diesen Zentren entwurzelt, neue Wege findet : Außerhalb der Arroganz der Zentren, die durch ihre begrenzte Vorstellung von Kreativität behindert sind, eröffnen sich neue Möglichkeiten fur neue Wege, die essentieller sind als wiederholte Qualität.

Die neun Kunstler, fünf Deutsche und vier Franzosen, die von der Zeitschrift "atelier" (Köln) und der "Édition MEM/Arte Facts" (Lyon) ausgesucht wurden, stellten sich an zehn Tagen der ihnen meist unbekannten Exotik der kulturellen Provinz und entwickelten ein Programm der Aufarbeitung verschütteter kultureller Ursprünge. Der Ort Monthermé erwies sich als ideales Gelände zur Bearbeitung ursprünglicher Materialien durch seine Lage im Wald, zwischen Berghangen an der Maas gelegen.

Der erste Tag ist gekennzeichnet von der Suche nach Arbeitsplätzen. Das Wasser der Maas, die verlassenen Schiefersteinbrüche, die alten Stahlfabriken geben ebenso Anhaltspunkte wie die Situation der Bevölkerung in einer an Arbeitslosigkeit und Überalterung leidenden Stadt, die Versunkenheit in der Waldlandschaft der Ardennen und der unmittelbare Einfluß der Natur im Denken und Handeln der Menschen.

Ob sich nun die Künstler entscheiden, im Atelier oder in der Landschaft zu arbeiten, in jedem Fall werden sie durch das Einbringen von Materialien, die sie vor Ort finden oder durch die Aufnahme von Zeichen und Vorgängen in der Natur den Bezug zur Umgebung herstellen.

Wir fahren mit Marc Gerenton zum "Roc la Tour". Auf dem Weg dorthin geraten wir in einen engen Waldweg, der zu einem Steinbruch führt. Der Steinbruch besteht aus mehreren Ebenen. Wir sind fasziniert von den senkrecht aufragenden Steinplatten und den vielfältigen Farben, die auf die Felsen von der Sonne gemalt werden. Marc Gerenton will zunächst den Stein behauen, in ihn Formen einmeißeln, aber der Stein hier ist zu hart. So versucht er es an der zuerst in Aussicht genommenen Stelle : dem "Roc la Tour". Dieses Felsplateau und die daraus herausragenden Felsentürme sind perfekte Natur, fast künstlich. Dort kann man nichts machen. Es ist heute ein für den Tourismus am Ort beliebtes Ausflugsziel. Es wäre nicht gut, hier etwas zu andern. Vor fünfhundert Jahren haben hier die wilden Frauen gelacht über die Arroganz der Meister. Sie haben zelebriert am Ort, wo die Schlangen ihr Gift nur den Wissenden gaben. Sie haben das Feuer vom Himmel geholt und wieder zurückgeschickt. Marc Gerenton respektiert den Ort und geht zurück zum Steinbruch, wo er den Stein nicht behauen, sondern bemalen wird.

Am anderen Ende von Monthermé arbeitet Hannes Forster an einem Geröllhang. Er hat kein Problem, den Felsrutsch zu stoppen. Er schichtet eine Barriere auf, die vom Weg aus unüberwindlich erscheint. Aus unmittelbarer Nähe erkennt man die wohlgeordnet zusammengefugte Mauer, quadratisch, in deren Karee er die herumliegenden Brocken schmeißt. Der Turm ist jetzt einen Meter hoch. Am Ende soll er zwei Meter erreichen und zwei weitere in Richtung Steilhang, von wo der Nachschub fällt, werden folgen. Dem Hang wird eine Grenze gesetzt, die mehr die Menschen beruhigt als den Fels beeindruckt.

Martin Assig und Catherine Loth arbeiten im Atelier der ehemaligen "Bains-Douches". Die warme Septembersonne trocknet die Papierfilze, die Catherine Loth mit Leim trankt und so zu Silhouetten von Menschen aneinander schweißt. Ich werde an die Riviera erinnert vom Blau des Filzes. Ich habe das Meer im Kopf, aber sehe das weiche Material, das schon in zehn Tagen spröde wie ein Sperrholz sein wird. Der kriechende Gang der Silhouetten verunsichert mich.

Martin Assig erlebt in seiner "Kapelle" den Kampf gegen die Unordnung. Er will sich unter dem Dach der "Bain-Douches" ausbreiten, baut Wege an der Wand und am Boden, korrespondiert mit Holz und Schiefer, nähert sich so dem Müll und Schutt, der sich noch im Raum befindet und läßt sich vorerst noch von ihm stoppen.

Im "Salle des Fêtes" wird gebaut. Arbeiter tragen mit Jackie Kayser große Schieferbrocken in den Saal, wo Kayser auf dem Tanzboden gegenüber der Bühne eine halbhohe Mauer schichtet. Ein Problem ist die Beleuchtung mit kleinen Glühbirnen, die er in die Mauer integrieren will, dicht über dem polierten Parkett, wo sie sich spiegeln sollen.

Hubert Fabian braucht Eisen oder Stahl, rostig. Das ist es auch, was den Ort am Leben hält und einmal blühen ließ. Hubert Fabian will den Menschen (hier?) danken. Er ist stark und den noch braucht er Elektrizität, die selbst in der Nähe von Chooz (AKW) so veraltet ist, daß es zum Problem wird.

Nach Blättern sucht Georg Dietzler im Wald. Der Wald ist so groß, man denkt er sieht sie nicht. Er hat gehört, es gibt Schlangen, Vipern, und man soll keine Panik bekommen, wenn man gebissen wurde. Aber Georg Dietzler ist sicher, es gibt auch andere Tiere, die selber Panik haben müssen, bevor sie angreifen. Georg sucht Blätter im Wald.

Ulla Lückerath wird den Spuren der Erinnerung folgen. Es gibt drei Markierungen, die heute noch ohne Formel geblieben sind. Hier holt die Natur die Zivilisation ein. Die Beschwörung ist bisher ausgeblieben, weil man vergessen hatte, wie es funktioniert. Ulla Lückerath wird eine "Patience" legen mit alten Symbolen wie der Schlange als die Versuchung oder dem Fisch als dem Zeichen der Fruchtbarkeit. Auch Symbole, die sich direkt auf die unmittelbare Umgebung beziehen, wie ein Engel von der Fassade des "Salle des Fêtes". Sie ist die einzige, die jene Orte kennt und weiß, warum sie Zeichen geben und auf Zeichen warten. Es müssen drei sein.

So sind die ersten beiden Tage erfüllt von der Suche nach den Arbeitsorten und Materialien, die die Künstler verwenden wollen. Es ist ein erstes Einlassen mit der Situation vor Ort, ihrem Einfluß auf die eigene Arbeit.

Am Abend des dritten Tages, nachdem jeder mit seiner Arbeit beginnen konnte, vergleicht die Gruppe nach dem gemeinsamen Essen, das täglich um diese Zeit zelebriert und genossen wurde, die Arbeitssituation hier in Monthermé während A-VA-LA mit anderen ähnlichen Symposien. Die Situationen dort seien sehr viel entspannter als hier, wo man auf ein Ziel (Ausstellung) hinarbeitet. Einige sprechen auch von Streß, unter den sie sich vom Ausstellungstermin gesetzt sehen. Wir beginnen eine Tour d'horizon bezüglich des Themas des Symposion und die Situation der Metropolen, sprechen uber den Begriff Installation.

Am nächsten Tag fahre ich mit Patrick Beurard zu Marc Gerenton in den Steinbruch. Als wir ankommen, passiert gerade eine Gruppe Wanderer die Grube, in der Marc Gerenton zur Zeit lebt. Die Arbeit des Vortages, von der wir dachten, sie wäre durch den nachtlichen Regen zerstört und somit unwiederbringlich verloren, da er doch mit leicht löslicher Farbe arbeitet, ist noch vollkommen erhalten. Die Wanderer werfen mit Steinen nach einigen Steinplatten, auf denen sie sexuelle Symbole zu erkennen glauben. Dann gehen sie weiter. Marc hat Wellen in das Tal gemalt, Federn, die in die Umgebung fliehen, ein Abbild der Wolken über ihm. Er arbeitet an der Vergänglichkeit, die sich ausbreitet.

Im Laufe des Symposions ist Gérard Pascual gekommen. Seine bisherige Arbeit, die er mir zeigt, drückt für mich eine Art Sehnsucht nach dem Moment des Schutzes aus. Er benutzt Geometrie, einfache Formen und Zitate. Er läßt Humor in seinen Arbeiten erkennen und legt großen Wert auf das Detail in Zeichnung oder Malerei. Wir fahren mit ihm zu einer alten, langsam verfallenden Fabrik. Er ist begeistert von den Überresten, den verschiedenen Lichtverhaltnissen in den einzelnen Hallen und den Details vor Ort. Es ist die Kulisse eines Filmes, so meint er, und hier würde er gerne arbeiten, aber dazu mußte er mehr Zeit haben. So wird er im Keller und einem weiteren Raum der "Bains-Douches" arbeiten.

Georg Dietzler ist unsicher geworden, welchen Kellerraum er verwenden wird. Im Nachbarraum ist die Architektur runder und die Lichtverhältnisse klarer, als in seinem jetzigen Raum. Die Blätter liegen aber schon in dem dunklen Keller ; von dem Georg Dietzler glaubt, daß die Licht strahlen, die durch zwei kleine Öffnungen in den Raum geworfen werden, an sich keine weitere Bearbeitung des Raumes vertragen. Er überlegt, vielleicht weitere Lichtquellen zu erzeugen.

Bei Catherine Loth lauft der Fön. Sie versucht, die Papiersilhouetten zu trocknen. Die kantigen Umrisse hat sie schon zu deutlichen Formen gerissen, und nun ist zu erkennen, daß es Frauen sind, die auf dem Boden kriechend liegen. Sie will durch die kriechend geduckte Haltung die Figuren an der Horizontlinie halten. Später sollen sie bemalt werden. Der nasse Abdruck am Boden, den eine Figur, die sie verschoben hat, hinterläßt, ist schön. Er wird bald trocknen und verschwunden sein.

Martin Assig wird immer lebendiger, je mehr er sein Atelier mit seiner Arbeit in Besitz nimmt. Er findet Fundstücke und Materialien und bringt sie in Zusammenhänge. Er beschäftigt sich mit dem Antlitz und lebt mit den Gesichtern. Es ist eine Art Mittelalter, das er schafft. Er hat noch nie so groß und vor Ort gearbeitet, und er findet für sich neue Möglichkeiten. Auf dem Weg zurück komme ich nochmal an Georg Dietzlers Keller vorbei. Er läßt inzwischen schon die Blätter strömen. Ich sehr Fangarme von Kraken, die den gefangen halten und in Besitz nehmen und ich glaube, daß Georg Dietzler dort bleibt.

Am Nachmittag des fünften Tages führen wir mit Burgermeister Gatier und seinen Adjudanten einen Rundkurs zu den Arbeitsstätten durch. Zuerst zu Marc Gerenton. Er spricht nur wenig über seine Felsbemalungen, er hat seine Arbeit gerade beendet. Danach sind wir bei Hannes Forster. Dem Burgermeister gefällt es, daß die Türme von Forster vom Rathaus aus zu sehen sind. An gleicher Stelle, so berichtet Monsieur Gatier, habe vor 15 Jahren ein Felsrutsch um fünf Uhr nachmittags stattgefunden. Es sei keiner zu Schaden gekommen, aber die Brocken fielen bis in die Maas. Im "Salle des Fêtes" wird der Bürgermeister von Jackie Kaysers Mauer inspiriert vorzuschlagen, daß die Leute des Ortes ihre Hauser in Zukunft mit derartigen Steinen, wie Kayser sie benutzte, bauen könnten. In Fabians Plastik glaubt man sich selbst als Ausstellungsbesucher wiederzuerkennen. In Dietzlers Blätterkeller und in Pascuals Elemente-Gruft sehen die Offiziellen der Stadt ihre vergessenen Keller und Gewölbe in neuem Licht. Nach dieser ersten Besichtigung, die auch die Werkstatten von Catherine Loth und Martin Assig einschließt, ist man verwirrt. Der Auto-Konvoi biegt in die "Rue du Port" ein. Wir begrüßen den Burgermeister offiziell auf der Veranda des Hauses, in dem wir regelmäßig zusammen kommen. Hier läßt er sich noch von Ulla Lückerath die Karten ihrer "Patience" erklaren - auf Dachschieferplatten mit Ölfarben gedruckte alte Spielkartensymbole, die an drei charakteristische Stellen des Ortes gelegt werden - und wir laden ihn und seine Begleitung zu einem Glas "Grand Ordinaire" ein.

Für mich war der Rundgang sehr eindrucksvoll. Man sieht die Arbeiten in unmittelbarer Folge und versteht, daß sie in all ihrer Unterschledlichkeit einen größeren Zusammenhang darstellen. Alle Künstler haben sich vom Ort, seiner Situation, dem Material und den Gegebenheiten leiten lassen. Die Künstler haben sich dabei selbst voll eingebracht und stellen ihre Arbeiten in die Auseinandersetzung zwischen Aktualität und Tradition (Überlieferung).

Wie man gerade an diesem Tage in den französischen Zeitungen lesen kann, hat nun Mario Merz fur seine Arbeit zum Thema des Philosophen Gaston Bachelard ebenfalls diese Gegend ausgewählt. Merz wird das Element "Feuer" bearbeiten, dort, wo die Hexen vom Feuer entflammt in die Wolken stiegen.

Bence Fritzsche