Ce texte
de Bence Fritzsche décrit bien les conditions dans lesquelles
s'est déroulée la préparation de l'exposition A-VA-LA.
Il évoque également le processus de travail que j'employais
alors.
Le texte original, rédigé en allemand,
figure après la traduction en français.
"Entre Paris
et Cologne", tel est le sous-titre du symposium franco-allemand
A-VA-LA qui se déroula dans la petite ville Monthermé,
(Ardennes françaises), sur la ligne géographique qui relie
les deux capitales culturelles. Le titre de l'exposition est à
lui seul un défi, mais aussi un programme. Tenter de se situer
hors de métropoles, hors de l'arrogance - ne serait-ce qu'à
titre d'expérience - et voir si la création artistique,
ainsi expatriée, n'est pas à même de se trouver
d'autres voies, de s'ouvrir sur d'autres horizons.
Les neuf artistes,
cinq allemands et quatre français, invités par la revue
"atelier" de Cologne et les éditions MEM / Arte
Facts, se donnèrent dix jours pour explorer le dépaysement
que constitue pour la plupart un lieu provincial, et tenter une investigation
de ses traditions culturelles. La ville de Monthermé, située
dans la vallée de la Meuse et entourée par des forêts,
se révéla être le terrain idéal pour le traitement
in situ de toutes sortes de matériaux d'origine.
Le premier jour
est consacré à la recherche des lieux de travail. L'eau
de la Meuse, la carrière d'ardoise désaffectée,
les vieilles aciéries, la somptuosité toute abyssale des
forêts, sont autant de points de repères... Sans oublier
la situation économique d'une ville repliée sur elle-même,
en proie au chômage ; ainsi que l'influence qu'un terroir exerce,
par sa structuration géologique, sur la mentalité et les
murs des habitants.
Les artistes ont
décidé de travailler soit en atelier soit à ciel
ouvert. Dans chaque cas ils tenteront d'établir un lien avec
l'environnement, à partir du matériau que le lieu même
leur fournit, ou encore de la configuration de traces et de sentes relevées
dans la nature.
Nous nous rendons
en voiture avec Marc Gerenton au lieu dit du "Roc la Tour".
Chemin faisant nous tombons sur un étroit sentier de forêt
qui débouche sur une carrière. Elle s'est structurée
en plusieurs strates. Nous restons médusés face à
ces couches de pierre qui s'élèvent à la verticale
et sur lesquelles le soleil imprime tout un déploiement de couleurs.
Marc Gerenton s'apprête aussitôt à tailler dans la
pierre pour en extraire des formes, mais elle s'avère être
trop dure. Aussi se résoud-t-il à quitter l'endroit, pour
se rendre au lieu initialement prévu du "Roc la Tour".
Ce plateau rocheux avec ses tours dressées à ciel ouvert,
est déjà en soi une uvre d'art façonnée
par la nature. Le site est devenu aujourd'hui un lieu d'excursion touristique
fort prisé. Il n'y a rien à y tenter. La légende
dit qu'il y a cinq cent ans, des "sorcières" défièrent
en ce lieu l'arrogance des seigneurs. Elles y célébrèrent
un culte au serpent - qui ne fait don de son venin qu'aux sages - et
dérobèrent le feu au ciel pour le lui renvoyer. Marc Gerenton,
par respect du lieu s'en retournera à la carrière. Il
ne taillera pas la pierre ; il la peindra.
À l'autre
bout de Monthermé, sur un terrain en pente, Hannes Forster travaille
parmi des éboulis de pierre. Il n'a aucune difficulté
pour bloquer leur chute. II édifie par couches successives une
barrière qui semble inexpugnable. À première vue
l'on y discerne déjà la paroi quadrangulaire d'une tour
comblée de morceaux de roche. Elle s'élève à
un mètre de haut. À la fin elle devra atteindre deux mètres,
et deux autres tours en amont du terrain incliné seront alignées
sur la même horizontale. Au versant est fixée une barrière
qui tranquillise, alors que le rocher, lui impressionne.
Martin Assig et
Catherine Loth ont installé leur atelier dans ce qui fut anciennement
l'établissement des "Bains-Douches". Les morceaux de
papier feutré que Catherine Loth enduit de colle forte, sèchent
et se découpent en silhouettes humaines sous le soleil automnal.
Je songe au bleu feutré de la Riviera et la mer me monte à
la tête. Le papier encore malléable, sera d'ici dix jours
aussi rêche qu'une planche de contreplaqué. Quant à
l'allure guerrière des silhouettes, elle suscite plus que de
l'inquiétude.
Martin Assig vit
dans sa chapelle la lutte contre le désordre. Il tient à
déployer son espace sous le toit des "Bains-Douches".
II y aménage des voies à même le mur et sur le sol
- en utilisant du bois et de l'ardoise - et tente ainsi, non sans hésitation,
de se frayer un passage entre les débris et les ordures qui jonchent
l'endroit.
Dans la Salle des
Fêtes, on construit. Des ouvriers apportent avec Jackie Kayser
des gros morceaux d'ardoise. Sur la piste de danse, en face de la scène,
il édifie un mur de hauteur moyenne. Le problème est de
savoir comment il va pouvoir intégrer de petites ampoules électriques
dans son mur posé à même le parquet ciré
où elles devront se refléter. Hubert Fabian a besoin de
fer et d'acier, de préférence rouillés. Deux matériaux
qui assurèrent fut un temps, la vie du lieu et son essor économique.
Hubert Fabian tient ainsi à rendre hommage à ses habitants.
II est très sûr de lui et pourtant l'électricité
lui fait défaut. Cette carence en courant électrique -
due à la vétusté des installations aux abords même
de la centrale nucléaire de Chooz, pose un grave problème.
Georg Dietzler
est allé à la recherche de feuilles en pleine forêt.
Mais la forêt est si vaste qu'il n'y voit goutte. On lui a dit
que des vipères y rodent et qu'en cas de morsure l'on ne doit
surtout pas perdre son sang-froid. Mais Georg Dietzler est convaincu
qu'il y a aussi d'autres animaux pris de panique avant d'attaquer. Et
il continue à se mettre en quête de ses feuilles.
Ulla Lückerath
suit les traces du souvenir. II existe trois points de repère
qui, à ce jour, restent encore informulés. Si ces trois
points nous échappent, c'est de ne pas pouvoir les lier et les
faire fonctionner entre eux. Tentative en laquelle la nature reprend
ses droits sur la civilisation. Ulla Lückerath est la seule qui
ici connaisse chaque lieu, et sache pourquoi l'on y trouve ces signes
et ce qu'il faut en attendre. Tout fonctionne par trois.
Les deux premiers
jours ont été ainsi consacrés à la recherche
des lieux de travail et des matériaux que les artistes souhaitaient
utiliser. Au soir du troisième on se réunit comme à
l'accoutumée autour du dîner. On parle des conditions de
travail que le Symposium d'A-VA-LA offre en comparaison d'autres où
l'atmosphère était plus détendue et où l'on
travaillait selon un plan précis et déterminé à
l'avance. Certains vont jusqu'à faire part de leur appréhension
quant au temps alloué à leur travail, qui paraît
trop court. Puis l'on entame un tour d'horizon touchant le thème
du symposium, la situation des capitales culturelles, ainsi que le concept
d'installation "in situ".
Le lendemain je
me rends avec Patrick Beurard à la carrière où
travaille Marc Gerenton. Nous y croisons une escouade de randonneurs
au-dessus de la carrière où Marc Gerenton est en train
de travailler. Nous redoutions que son travail déjà amorcé
hier, n'ait été anéanti par la pluie nocturne et
ne soit à jamais perdu. Mais il est reste intact, malgré
la délébilité des couleurs. Les randonneurs jettent
des cailloux contre les couches de pierre où ils croient discerner
par endroits des symboles sexuels. Puis ils s'en vont. Marc Gerenton
a peint dans la vallée des ondulations, des plumes éparpillées
et des ombres nuageuses. II travaille sur le flux du temps et son expansion.
Gérard Pascual
est arrivé en cours de symposium. Son travail qu'il me montrera
plus amplement le lendemain, semble s'inspirer d'une certaine nostalgie
des origines. Il utilise des formes géométriques, ainsi
que des citations. Son uvre est empreinte d'un certain humour
et accorde un soin tout particulier aux détails. Nous nous rendons
tous deux à une usine désaffectée. Il est émerveillé
par l'atmosphère de ruines et les multiples éclairages
qu'offre le lieu. Tout en songeant au film que l'on pourrait y tourner,
il souhaite vivement l'élire comme lieu de travail. Mais le temps
manque et il devra se résoudre à travailler dans l'espace
de la cave des "Bains-Douches".
Georg Dietzler
hésite sur le choix de son lieu de travail. II s'est installé
dans une des pièces de la cave où deux petites ouvertures
dispensent des rayons de lumière sur ses feuilles. Bien que la
pièce voisine présente une voûte plus ronde et un
éclairage plus vif, il reste dans la première et réfléchit
aux possibilités d'aménager d'autres sources de lumière.
Chez Catherine
Loth le sèche-cheveux est en marche. Elle tente de sécher
les silhouettes en papier. Dans les découpes anguleuses se profilent
déjà des figures féminines qui gisent à
même le sol. Avec leur posture rampante, elle les accrochera par
rapport à une ligne d'horizon. Plus tard elles devront être
repeintes. La belle tache d'humidité qu'une des figures laisse
sur le sol, après avoir été déplacée,
va bientôt sécher et se résorber.
Martin Assig se
démène de plus en plus avec l'espace qu'il investit de
son travail. Il tombe sur des objets et des matériaux qu'il combine
les uns aux autres. II confectionne ainsi des frasques et des masques
à l'allure quelque peu moyen-âgeuses. II n'a encore jamais
travaillé in situ dans un espace aussi vaste, et semble découvrir
des possibilités qui lui étaient restées insoupçonnées
jusque là. Sur le chemin du retour je repasse devant la cave
de Georg Dietzler. Je crois qu'il est parvenu à se satisfaire
du lieu, à la vue des brassées de feuilles qu'il a pu
y déverser.
Dans l'après-midi
du cinquième jour, nous faisons avec Monsieur Gatier, le maire,
et ses adjoints une visite sur les lieux de travail. D'abord vers Marc
Gerenton. Il parle fort peu de sa fresque murale qu'il vient de terminer.
Ensuite nous nous rendons vers Hannes Forster. Que ses tours soient
visibles de la mairie est une chose que Monsieur Gatier apprécie
particulièrement. Selon lui, l'endroit donna lieu à une
avalanche de pierres, il y a quinze ans de cela, à cinq heures
de l'après-midi. Si des blocs de pierre allèrent jusqu'à
plonger dans la Meuse, il n'y eut heureusement pas de blessé.
Dans la Salle des Fêtes, fort inspiré par le mur de Jackie
Kayser, Monsieur le Maire 'conseille' à ses concitoyens d'édifier
dorénavant leur maison avec les pierres mêmes dont s'était
servi l'artiste. Lors de la visite des caveaux aménagés
de Dietzler et de Pascual, les élus de la ville ont l'occasion
de redécouvrir les caves, déblayées, avec leurs
voûtes, sous un autre éclairage. Après ce premier
tour de ronde, qui inclua aussi les lieux de travail de Catherine Loth
et de Martin Assig, on ne sait plus au juste où aller. Le convoi
de voitures prend la direction de la Rue du Port ; et c'est sur
le perron de la maison où nous nous retrouvons habituellement
en commun, que les salutations officielles avec Monsieur le Maire ont
lieu. Ulla Lückerath vient encore lui présenter son jeu
de "Patience". Puis nous l'invitons avec ses adjoints à
aller boire un verre.
Le tour de visite
fût pour moi fort impressionnant. À ainsi voir les travaux
les uns à la suite des autres, on saisit plus aisément
ce qui les réunit dans leur diversité. Chaque artiste
s'est laissé inspirer par le lieu, ainsi que par les matériaux
et les données qu'il a pu lui fournir. Chacun a pu s'investir
au fort d'une confrontation entre modernité et tradition.
En ce même jour on a pu lire dans les journaux français
que Mario Merz avait choisi cette même région pour mener
à bien son travail sur le philosophe Gaston Bachelard. Il analysera
l'élément du feu, là où selon la légende,
les sorcières tournoyant autour d'un brasier enflammé
prenaient la voie des airs.
Bence
Fritzsche
Traduction : Siegfried Plumper-Huttenbrink
Zwischen Paris
und Köln, wie der Untertitel des Symposions A-VA-LA signalisiert,
ist der kleine Ort Monthermé in den französischen Ardennen
auf der geographischen Linie zu finden, die beide (Kunst-)Metropolen
verbindet. So ist dieser Titel gleichermaßen Herausforderung und
Programm. Nicht losgelöst von der Kunst in den Metropolen, sondern
sich der Auseinandersetzung mit ihnen stellend, erscheint es notwendig
zu überprüfen, ob Kreativität, von diesen Zentren entwurzelt,
neue Wege findet : Außerhalb der Arroganz der Zentren, die
durch ihre begrenzte Vorstellung von Kreativität behindert sind,
eröffnen sich neue Möglichkeiten fur neue Wege, die essentieller
sind als wiederholte Qualität.
Die neun Kunstler,
fünf Deutsche und vier Franzosen, die von der Zeitschrift "atelier"
(Köln) und der "Édition MEM/Arte Facts" (Lyon)
ausgesucht wurden, stellten sich an zehn Tagen der ihnen meist unbekannten
Exotik der kulturellen Provinz und entwickelten ein Programm der Aufarbeitung
verschütteter kultureller Ursprünge. Der Ort Monthermé
erwies sich als ideales Gelände zur Bearbeitung ursprünglicher
Materialien durch seine Lage im Wald, zwischen Berghangen an der Maas
gelegen.
Der erste Tag ist
gekennzeichnet von der Suche nach Arbeitsplätzen. Das Wasser der
Maas, die verlassenen Schiefersteinbrüche, die alten Stahlfabriken
geben ebenso Anhaltspunkte wie die Situation der Bevölkerung in
einer an Arbeitslosigkeit und Überalterung leidenden Stadt, die
Versunkenheit in der Waldlandschaft der Ardennen und der unmittelbare
Einfluß der Natur im Denken und Handeln der Menschen.
Ob sich nun die
Künstler entscheiden, im Atelier oder in der Landschaft zu arbeiten,
in jedem Fall werden sie durch das Einbringen von Materialien, die sie
vor Ort finden oder durch die Aufnahme von Zeichen und Vorgängen
in der Natur den Bezug zur Umgebung herstellen.
Wir fahren mit
Marc Gerenton zum "Roc la Tour". Auf dem Weg dorthin geraten
wir in einen engen Waldweg, der zu einem Steinbruch führt. Der
Steinbruch besteht aus mehreren Ebenen. Wir sind fasziniert von den
senkrecht aufragenden Steinplatten und den vielfältigen Farben,
die auf die Felsen von der Sonne gemalt werden. Marc Gerenton will zunächst
den Stein behauen, in ihn Formen einmeißeln, aber der Stein hier
ist zu hart. So versucht er es an der zuerst in Aussicht genommenen
Stelle : dem "Roc la Tour". Dieses Felsplateau und die
daraus herausragenden Felsentürme sind perfekte Natur, fast künstlich.
Dort kann man nichts machen. Es ist heute ein für den Tourismus
am Ort beliebtes Ausflugsziel. Es wäre nicht gut, hier etwas zu
andern. Vor fünfhundert Jahren haben hier die wilden Frauen gelacht
über die Arroganz der Meister. Sie haben zelebriert am Ort, wo
die Schlangen ihr Gift nur den Wissenden gaben. Sie haben das Feuer
vom Himmel geholt und wieder zurückgeschickt. Marc Gerenton respektiert
den Ort und geht zurück zum Steinbruch, wo er den Stein nicht behauen,
sondern bemalen wird.
Am anderen Ende
von Monthermé arbeitet Hannes Forster an einem Geröllhang.
Er hat kein Problem, den Felsrutsch zu stoppen. Er schichtet eine Barriere
auf, die vom Weg aus unüberwindlich erscheint. Aus unmittelbarer
Nähe erkennt man die wohlgeordnet zusammengefugte Mauer, quadratisch,
in deren Karee er die herumliegenden Brocken schmeißt. Der Turm
ist jetzt einen Meter hoch. Am Ende soll er zwei Meter erreichen und
zwei weitere in Richtung Steilhang, von wo der Nachschub fällt,
werden folgen. Dem Hang wird eine Grenze gesetzt, die mehr die Menschen
beruhigt als den Fels beeindruckt.
Martin Assig und
Catherine Loth arbeiten im Atelier der ehemaligen "Bains-Douches".
Die warme Septembersonne trocknet die Papierfilze, die Catherine Loth
mit Leim trankt und so zu Silhouetten von Menschen aneinander schweißt.
Ich werde an die Riviera erinnert vom Blau des Filzes. Ich habe das
Meer im Kopf, aber sehe das weiche Material, das schon in zehn Tagen
spröde wie ein Sperrholz sein wird. Der kriechende Gang der Silhouetten
verunsichert mich.
Martin Assig erlebt
in seiner "Kapelle" den Kampf gegen die Unordnung. Er will
sich unter dem Dach der "Bain-Douches" ausbreiten, baut Wege
an der Wand und am Boden, korrespondiert mit Holz und Schiefer, nähert
sich so dem Müll und Schutt, der sich noch im Raum befindet und
läßt sich vorerst noch von ihm stoppen.
Im "Salle
des Fêtes" wird gebaut. Arbeiter tragen mit Jackie Kayser
große Schieferbrocken in den Saal, wo Kayser auf dem Tanzboden
gegenüber der Bühne eine halbhohe Mauer schichtet. Ein Problem
ist die Beleuchtung mit kleinen Glühbirnen, die er in die Mauer
integrieren will, dicht über dem polierten Parkett, wo sie sich
spiegeln sollen.
Hubert Fabian braucht
Eisen oder Stahl, rostig. Das ist es auch, was den Ort am Leben hält
und einmal blühen ließ. Hubert Fabian will den Menschen (hier?)
danken. Er ist stark und den noch braucht er Elektrizität, die
selbst in der Nähe von Chooz (AKW) so veraltet ist, daß es
zum Problem wird.
Nach Blättern
sucht Georg Dietzler im Wald. Der Wald ist so groß, man denkt
er sieht sie nicht. Er hat gehört, es gibt Schlangen, Vipern, und
man soll keine Panik bekommen, wenn man gebissen wurde. Aber Georg Dietzler
ist sicher, es gibt auch andere Tiere, die selber Panik haben müssen,
bevor sie angreifen. Georg sucht Blätter im Wald.
Ulla Lückerath
wird den Spuren der Erinnerung folgen. Es gibt drei Markierungen, die
heute noch ohne Formel geblieben sind. Hier holt die Natur die Zivilisation
ein. Die Beschwörung ist bisher ausgeblieben, weil man vergessen
hatte, wie es funktioniert. Ulla Lückerath wird eine "Patience"
legen mit alten Symbolen wie der Schlange als die Versuchung oder dem
Fisch als dem Zeichen der Fruchtbarkeit. Auch Symbole, die sich direkt
auf die unmittelbare Umgebung beziehen, wie ein Engel von der Fassade
des "Salle des Fêtes". Sie ist die einzige, die jene
Orte kennt und weiß, warum sie Zeichen geben und auf Zeichen warten.
Es müssen drei sein.
So sind die ersten
beiden Tage erfüllt von der Suche nach den Arbeitsorten und Materialien,
die die Künstler verwenden wollen. Es ist ein erstes Einlassen
mit der Situation vor Ort, ihrem Einfluß auf die eigene Arbeit.
Am Abend des dritten
Tages, nachdem jeder mit seiner Arbeit beginnen konnte, vergleicht die
Gruppe nach dem gemeinsamen Essen, das täglich um diese Zeit zelebriert
und genossen wurde, die Arbeitssituation hier in Monthermé während
A-VA-LA mit anderen ähnlichen Symposien. Die Situationen dort seien
sehr viel entspannter als hier, wo man auf ein Ziel (Ausstellung) hinarbeitet.
Einige sprechen auch von Streß, unter den sie sich vom Ausstellungstermin
gesetzt sehen. Wir beginnen eine Tour d'horizon bezüglich des Themas
des Symposion und die Situation der Metropolen, sprechen uber den Begriff
Installation.
Am nächsten
Tag fahre ich mit Patrick Beurard zu Marc Gerenton in den Steinbruch.
Als wir ankommen, passiert gerade eine Gruppe Wanderer die Grube, in
der Marc Gerenton zur Zeit lebt. Die Arbeit des Vortages, von der wir
dachten, sie wäre durch den nachtlichen Regen zerstört und
somit unwiederbringlich verloren, da er doch mit leicht löslicher
Farbe arbeitet, ist noch vollkommen erhalten. Die Wanderer werfen mit
Steinen nach einigen Steinplatten, auf denen sie sexuelle Symbole zu
erkennen glauben. Dann gehen sie weiter. Marc hat Wellen in das Tal
gemalt, Federn, die in die Umgebung fliehen, ein Abbild der Wolken über
ihm. Er arbeitet an der Vergänglichkeit, die sich ausbreitet.
Im Laufe des Symposions
ist Gérard Pascual gekommen. Seine bisherige Arbeit, die er mir
zeigt, drückt für mich eine Art Sehnsucht nach dem Moment
des Schutzes aus. Er benutzt Geometrie, einfache Formen und Zitate.
Er läßt Humor in seinen Arbeiten erkennen und legt großen
Wert auf das Detail in Zeichnung oder Malerei. Wir fahren mit ihm zu
einer alten, langsam verfallenden Fabrik. Er ist begeistert von den
Überresten, den verschiedenen Lichtverhaltnissen in den einzelnen
Hallen und den Details vor Ort. Es ist die Kulisse eines Filmes, so
meint er, und hier würde er gerne arbeiten, aber dazu mußte
er mehr Zeit haben. So wird er im Keller und einem weiteren Raum der
"Bains-Douches" arbeiten.
Georg Dietzler
ist unsicher geworden, welchen Kellerraum er verwenden wird. Im Nachbarraum
ist die Architektur runder und die Lichtverhältnisse klarer, als
in seinem jetzigen Raum. Die Blätter liegen aber schon in dem dunklen
Keller ; von dem Georg Dietzler glaubt, daß die Licht strahlen,
die durch zwei kleine Öffnungen in den Raum geworfen werden, an
sich keine weitere Bearbeitung des Raumes vertragen. Er überlegt,
vielleicht weitere Lichtquellen zu erzeugen.
Bei Catherine Loth
lauft der Fön. Sie versucht, die Papiersilhouetten zu trocknen.
Die kantigen Umrisse hat sie schon zu deutlichen Formen gerissen, und
nun ist zu erkennen, daß es Frauen sind, die auf dem Boden kriechend
liegen. Sie will durch die kriechend geduckte Haltung die Figuren an
der Horizontlinie halten. Später sollen sie bemalt werden. Der
nasse Abdruck am Boden, den eine Figur, die sie verschoben hat, hinterläßt,
ist schön. Er wird bald trocknen und verschwunden sein.
Martin Assig wird
immer lebendiger, je mehr er sein Atelier mit seiner Arbeit in Besitz
nimmt. Er findet Fundstücke und Materialien und bringt sie in Zusammenhänge.
Er beschäftigt sich mit dem Antlitz und lebt mit den Gesichtern.
Es ist eine Art Mittelalter, das er schafft. Er hat noch nie so groß
und vor Ort gearbeitet, und er findet für sich neue Möglichkeiten.
Auf dem Weg zurück komme ich nochmal an Georg Dietzlers Keller
vorbei. Er läßt inzwischen schon die Blätter strömen.
Ich sehr Fangarme von Kraken, die den gefangen halten und in Besitz
nehmen und ich glaube, daß Georg Dietzler dort bleibt.
Am Nachmittag des
fünften Tages führen wir mit Burgermeister Gatier und seinen
Adjudanten einen Rundkurs zu den Arbeitsstätten durch. Zuerst zu
Marc Gerenton. Er spricht nur wenig über seine Felsbemalungen,
er hat seine Arbeit gerade beendet. Danach sind wir bei Hannes Forster.
Dem Burgermeister gefällt es, daß die Türme von Forster
vom Rathaus aus zu sehen sind. An gleicher Stelle, so berichtet Monsieur
Gatier, habe vor 15 Jahren ein Felsrutsch um fünf Uhr nachmittags
stattgefunden. Es sei keiner zu Schaden gekommen, aber die Brocken fielen
bis in die Maas. Im "Salle des Fêtes" wird der Bürgermeister
von Jackie Kaysers Mauer inspiriert vorzuschlagen, daß die Leute
des Ortes ihre Hauser in Zukunft mit derartigen Steinen, wie Kayser
sie benutzte, bauen könnten. In Fabians Plastik glaubt man sich
selbst als Ausstellungsbesucher wiederzuerkennen. In Dietzlers Blätterkeller
und in Pascuals Elemente-Gruft sehen die Offiziellen der Stadt ihre
vergessenen Keller und Gewölbe in neuem Licht. Nach dieser ersten
Besichtigung, die auch die Werkstatten von Catherine Loth und Martin
Assig einschließt, ist man verwirrt. Der Auto-Konvoi biegt in
die "Rue du Port" ein. Wir begrüßen den Burgermeister
offiziell auf der Veranda des Hauses, in dem wir regelmäßig
zusammen kommen. Hier läßt er sich noch von Ulla Lückerath
die Karten ihrer "Patience" erklaren - auf Dachschieferplatten
mit Ölfarben gedruckte alte Spielkartensymbole, die an drei charakteristische
Stellen des Ortes gelegt werden - und wir laden ihn und seine Begleitung
zu einem Glas "Grand Ordinaire" ein.
Für mich war
der Rundgang sehr eindrucksvoll. Man sieht die Arbeiten in unmittelbarer
Folge und versteht, daß sie in all ihrer Unterschledlichkeit einen
größeren Zusammenhang darstellen. Alle Künstler haben
sich vom Ort, seiner Situation, dem Material und den Gegebenheiten leiten
lassen. Die Künstler haben sich dabei selbst voll eingebracht und
stellen ihre Arbeiten in die Auseinandersetzung zwischen Aktualität
und Tradition (Überlieferung).
Wie man gerade
an diesem Tage in den französischen Zeitungen lesen kann, hat nun
Mario Merz fur seine Arbeit zum Thema des Philosophen Gaston Bachelard
ebenfalls diese Gegend ausgewählt. Merz wird das Element "Feuer"
bearbeiten, dort, wo die Hexen vom Feuer entflammt in die Wolken stiegen.
Bence
Fritzsche